Il existe un dicton dans notre culture : le jade est porteur d'esprit. Non pas comme une métaphore, mais comme une vérité apprise par le toucher. Chaque morceau de jade recèle quelque chose d'ancien, façonné par le temps, la pression et le silence. Quand je sculpte, il ne s'agit pas de façonner la pierre selon ma vision ; il s'agit d'écouter, d'apprendre ce que le jade lui-même aspire à devenir.
Le processus de sculpture du jade commence bien avant la première taille. J'observe sa couleur, ses veines, la lumière qui le traverse. Ce ne sont pas des imperfections à effacer, mais des indications – la voix douce de la pierre. Mes mains ne forcent pas, elles répondent. De ce dialogue entre l'artisan et la matière, ce qui émerge n'est pas un simple objet, mais le reflet de la rencontre harmonieuse de deux esprits.
Quand l'artisanat devient communion
L'artisanat moderne évoque souvent précision et maîtrise. Pourtant, dans la sculpture du jade, la véritable maîtrise réside dans l'abandon. Chaque coup de ciseau est une conversation, non un ordre. Une sculpture réussie ne domine jamais le jade ; elle le guide avec douceur, préservant l'histoire déjà écrite par le temps.
Parfois, une fissure naturelle se transforme en rivière, une tache nuageuse en un souffle de brume. Le rôle du sculpteur n'est pas de perfectionner, mais de révéler, de donner forme à ce qui vit déjà en lui. Ainsi, la sculpture est moins une question de décoration que de traduction, transformant le langage invisible de la pierre en une forme visible d'émotion.
L'esprit dans la pièce finie
Une fois la sculpture achevée, le jade porte encore son âme originelle, mais désormais, il porte aussi la mienne. La pièce achevée devient le témoignage de deux existences entrelacées : la patience inébranlable de la pierre et le bref dévouement des mains humaines. C’est ce lien qui confère au jade sculpté sa véritable beauté. Non pas la perfection, mais la présence.
Pour ceux qui le portent, un bijou en jade sculpté n'est pas un simple accessoire. C'est un témoin vivant, un compagnon qui écoute autant qu'il a parlé. Le tenir, c'est ressentir le temps lui-même, sculpté dans sa forme.
Chaque pièce de notre collection naît de ce dialogue entre les mains, la pierre et le temps lui-même.
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